Dès le jour de l'investiture de Donald Trump en janvier en tant que 47ème président des Etats-Unis, l'intelligence artificielle a été présentée comme une priorité durant le nouveau mandat.

Les grands groupes américains ont multiplié les promesses d'investissements dans les infrastructures IA à hauteur de dizaines de milliards de dollars...ou même de centaines de milliards de dollars dans le cas du projet Stargate d'OpenAI.

Les Etats-Unis ont choisi la voie de la puissance brute, multipliant les grands centres de données, et le gouvernement fera tout pour lever tous les freins possibles, dont ceux de l'encadrement des développements de l'IA.

Avec la dérégulation, plus aucune barrière

Une disposition a été intégrée dans un projet de loi de conciliation budgétaire pour imposer une dérégulation de l'IA durant 10 ans aux Etats-Unis. Elle vise à faire sauter tous les blocages et barrières qui pourraient survenir pour tenter d'imposer des limitations dans tous les domaines.

Elle aurait aussi le pouvoir d'invalider tous les textes en cours d'adoption pour tenter de limiter les abus et les dérives de l'intelligence artificielle dans des secteurs comme la santé, l'éducation ou la protection des consommateurs, tout en empêchant l'émergence à court terme de nouveaux projets de loi à ce sujet.

intelligence artificielle electricite IA

C'est un énorme cadeau fait aux Big Tech, selon les termes de l'ONG Americans for Responsible Innovation, dont les dirigeants étaient alignés en rang d'oignon lors de la prise de pouvoir de Donald Trump pour être sûrs de ne rien manquer du festin à venir.

Il est déjà loin le temps où des centaines de chercheurs appelaient à une pause de six mois dans le développement de l'IA, le temps de résoudre certaines problématiques et de poser des cadres pour accompagner son développement.

Le périmètre large de la disposition de dérégulation leur assure de ne pas être dérangés par des garde-fous et de pouvoir faire à peu près ce qu'ils veulent sans avoir à tenir compte des problématiques de respect de la vie privée, de l'amplification de la désinformation par l'IA ou de la génération de deepfakes pour influencer et tromper les populations, s'inquiètent déjà certains élus démocrates.

Mais cette stratégie de dérégulation aura aussi des conséquences hors des Etats-Unis. Les géants high-tech américains se plaignent déjà régulièrement des réglementations mises en place en Europe, des politiques de protection des données des citoyens européens et des efforts de modération qui leurs sont demandés.

Collision inévitable avec le cadre européen

RGPD, DMA et DSA pourraient donc être les prochaines cibles de la dérégulation de l'IA, Donald Trump tonnant déjà contre les amendes "injustes" infligées aux entreprises américaines pour non-respect de ces encadrements européens.

RGPD

Après le hold-up des données de l'Internet, dont celles protégées par droit d'auteur, au nom d'un fair use décrété unilatéralement, les données personnelles générées quotidiennement par les utilisateurs sont le nouvel Eldorato des géants de l'IA mais la notion de donnée personnelle n'a pas la même valeur des deux côtés de l'Atlantique, provoquant des tensions.

Mais tout n'est pas forcément rose pour autant pour les géants high-tech américains. Dans le même temps, Google est sous la menace d'un démantèlement aux Etats-Unis pour abus de position dominante qui pourrait l'obliger à se séparer de son navigateur Chrome.

Source : La Tribune